lundi 21 janvier 2013

"Pourquoi fait-on se métier ?"

Pourquoi faisons nous nos métiers ? Lequel d'entre nous a choisi ce dernier et quand bien même, quelles sont ses raisons ?

Lorsqu'on tombe dans l’agriculture sans s'y attendre, cette question ne se pose pas. On se trouve avant tout accaparé par le fait même de ce travail. Le temps, sous ses deux principaux aspects vous choppe par le cou pour vous montrer la course des saisons à laquelle vous ne pensiez plus. Je vivais en ville, je n'avais qu'une infime perception de cela. Lorsque l'activité y est directement liée, l'ampleur du phénomène vous explose au visage. Préparer les sols, la plante, préparer l'arrivée de la récolte puis faire quelque chose de cette dernière prends tout l'espace de votre vie.
Au début c'est un travail. Ensuite cela devient un jeu. Souvent c'est une contrainte. Au bout d'un moment, qui fut bien plus court que je ne pensais, cela devient une passion.
Dévorante. Le sol est vivant. La vie provient du sol. Lorsque cela m'a été révélé par des gens de bien qui militent pour que nos agricultures prennent un nouveau tournant, je suis tombé de haut. J'en pleurerais régulièrement. Imaginez... Le ventre de votre mère pollué par erreur puis, une fois l'erreur révélée, malgré les alertes, les études, les rdv chez le médecin, les conseils des vieux, les nouvelles vues des jeunes, imaginez que malgré tout, les intérêts de quelques un maintiennent le statut quo face à cette ignominie.

Le ventre de notre mère, celle qui nourrit TOUT ce qui vie sur cette planète est régulièrement lardée d'entailles dans lesquelles l'ont déverse de quoi l'empêcher de guérir. Sous prétexte que cela lui fera les seins plus gros.

Le sol est vivant. C'est un complexe, fait de minéral de taille plus ou moins fine, de vie macrobienne, de vie microbienne et de résidus organiques. Cette association crée, pour simplifier, un gel, une colle, une sorte de liant vivant permettant, entre autre, de maintenir en cohésion le minéral. Ce dernier, enrobé de vivant, d'humus précisément, accueille la vie microbienne qui décompose les déchets organiques, eux mêmes auparavant décomposés par la vie macrobienne. Se faisant, la vie microbienne libère des minéraux (façon oligo-éléments à la volvic, nommé souvent NPK) qui constitues les vitamines des plantes. Grâce à ces dernières, puisées sous forme de solution soluble dans l'eau du sol, elles sont capable de capturer le CO2, de le transformer lors de la photosynthèse avant de croître en se nourrissant du résultat (la sève élaborée qui descend des feuilles vers les racines, à la différence de la sève brute, qui monte des racines vers les feuilles). Une fois le végétal mûr, il est mangé, transformé, par un animal, une autre plante ou par le sol lui même, en nouvelle énergie.

Voilà ce qu'on ne nous apprend pas.

L'agriculture qui nourrit faussement la planète depuis 50 ans pense différemment. Elle dit que le sol est un support, inerte possédant un certain taux de NPK. Lorsque ce taux s'épuise il faut en rajouter, via des solutions directement assimilable par la plante, pour que cette dernière croisse. Adieu micro et macro, adieu humus, adieu cohérence du sol qui s’effrite, adieu l'eau qui en vérité se trouve stockée dans le sol grâce à l'humus qui normalement se gonfle comme une éponge avant de la restituer. Adieu le cycle évident du milieu du sol qui, court-circuité par ces solutions, perd ses capacités à se régénérer. Le sol n'est plus QUE minéral auquel on ajoute de grosse louche de minéraux, en surdose qui plus est. Les plantes doivent en effet leur 80% de matière végétale annuelle qu'aux seuls soleil, eau et carbone. NPK et les autres ne sont que les catalyseurs (les vitamines pour nous si vous voulez) permettant le reste. Qui élèverait un enfant qu'à base de vitamine ?

Pourquoi faisons nous ce métier donc ?
Désormais je le fais pour que ce mensonge soit dévoilé, que les responsables soient dépossédés du pouvoir de décision, pour que nous retournions vite à l'essentiel: à savoir nourrir les nôtres, sans les empoisonner,  d'une manière qui fasse vivre le tissus sociale et qui préserve la ressource. Comment sinon donner cher de nos peaux ?