Désormais mes motivations sont claires, hurlantes et suintantes. Elles me brûlent par tous les pores et menacent de me projeter dans de folles colères tant le temps manque au chantier de leurs traductions réalisées. Mais qu'importe, passionné ou furieux, il faut savoir se calmer et apprécier les progrès chaque jour accompli.
Voici donc pour le plaisir, et parce qu'écrite en quelques minutes, la coquine résume assez bien le ressenti qui m'assaille, la Lettre de Motivations que j'adresse à l'association Nature & Progrès auprès de laquelle je réclame plus de connaissances pour faire mieux. Vous excuserez les quelques fautes s'y trouvant, ma correctrice est au bain, affublée d'un ventre à faire pâlir le défunt Carlos (sans la pilosité). Bonne lecture à tous ceux qui supporte mon exacerbant lyrisme.
"Motivations conduisant à ma demande de labellisation de ma production par Nature & Progrès
Cela fait désormais trois ans que je suis vigneron en AOC
Côtes de Duras. Je ne suis pas d’origine agricole, ni mes études, ni mon
parcours professionnel n’auraient pu me laisser imaginer il y a cinq ans que
j’aurais un jour à vous écrire cette lettre.
Mais voilà, j’ai eu la chance de pouvoir reprendre en main
une terre appartenant à ma famille n’ayant cependant jamais été cultivée par
les miens. En seulement un an d’activité j’ai vu des choses que je ne soupçonnais
pas possible dans un monde que je croyais conscient du rôle primordial qu’est
le sien.
J’ai vu les phytos de synthèse déployés à la va-comme-je-te-pousse,
sans protections ni réflexions. J’ai vu des sacs de tanins, des bidons de gel
arômes et autres conneries copeautées déversées dans des cuves. J’en ai suffisamment
vu pour foutre tout ce petit monde dehors, produits et hommes avec l’eau
souillée du bain. J’ai découvert le manque d’information dont sont victimes les
citoyens et l’ignorance entretenue des agriculteurs, cela même dont je croyais
qu’ils étaient paysans et qui ferment les yeux sur des dangers bien plus grand
que la fin de la PAC
ou la directive « nitrate ». Lorsque j’en parle aux citadins dont je
faisais parti, je vois bien qu’ils ne peuvent comprendre. Je me suis senti
quelque peu seul en cet instant.
Puis j’ai signé avec ECOCERT pour me donner un tuteur institutionnel
afin d’assainir les pratiques dont j’ai la charge. Loin d’être suffisant c’était
déjà un début. J’ai cherché et cherche encore, des livres, des formations, des
associations afin de comprendre mon métier, mes sols, mes plantes, mon environnement,
les métiers de mes collègues maraîchers, éleveurs, céréaliers, etc. Le temps de
comprendre que la machine nous a broyé pour faire de nous des opérateurs agricoles
et non plus des acteurs. Je pose des questions, tente des expériences et crois
en l’avenir puisque les progrès de notre ferme me confortent.
Depuis trois ans nos vins sont meilleurs, tellement plus vrais. Nos sols
s’assouplissent, la flore se diversifie et avec, le vivant reprend de la
place.
Mais je veux aller plus loin. Je veux que chacune de mes
bouteilles soit un acte militant en soi, une ode au goût retrouvé, à
l’épaisseur du vivant, à la longueur en bouche, à la rondeur généreuse du
vraie, au fruit charnue du premier baiser. C’est tellement plus
confortable, une fois la nuit venue de s’endormir avec la certitude, si ce
n’est d'avoir fait bien, au moins de ne pas avoir nuis.
Mon engagement chez N&P est résumable en 3 axes :
-
J’ai besoin de vos connaissances pour améliorer et
compléter les miennes, je veux être le premier convaincu par mes vins.
-
Je veux pouvoir prouver, au-delà du goût de mes vins,
que ceux-ci sont sains et ainsi faire la promotion de tous ceux qui se cassent
la tête pour y arriver.
-
Je veux qu’une partie de mes cuvées puissent porter
votre mention afin d’en faciliter la diffusion et la commercialisation dans le
but très clair de faire vivre ma famille, notamment le petit merdeux (ou
merdeuse) qui s’apprête à naître en Mai prochain.
Pour valoir ce que doit.
Bien cordialement,
Brice Tingaud"